La transition écologique, devenue urgente et incontournable, concerne tous les acteurs de l’industrie, les constructeurs automobiles en tête de file. Ces derniers mettent leurs compétences techniques de pointe, au service du climat en cherchant à développer des solutions vertes.
Véritable levier de développement des voitures à hydrogène en France, qu’est-ce qu’une flotte captive et comment les pouvoirs publics et les acteurs privés vont-ils les convertir aux énergies renouvelables ?
Une flotte captive : qu’est-ce que c’est ?
On désigne par l’expression flotte captive des ensembles de véhicules professionnels dont le passage à des énergies neutres en émission carbone est difficile à mettre en place. Ces véhicules utilisés dans le cadre professionnel assurent des déplacements très fréquents, ce qui rend le passage à l’électrique problématique, car le niveau actuel des technologies ne permet pas de soutenir un usage intensif de ces autos ni de se déplacer sur de très longues distances.
Pour bien comprendre ce qu’est une flotte captive, il faut comprendre le concept de la mobilité hydrogène. Cette méthode vise à produire de l’hydrogène décarboné grâce à la technique de l’électrolyse de la molécule d’eau (la décomposition de la molécule H2O grâce à un courant électrique et non plus depuis du pétrole).
Pour véritablement fonctionner, la mobilité à hydrogène requiert donc une source électrique. En effet, la molécule d’hydrogène, en plus de renfermer une très grande quantité d’énergie, est en mesure de stocker l’électricité sur des périodes très longues. C’est donc une méthode parfaite pour alimenter les batteries des automobiles électriques ou des moteurs hybrides.
Flotte captive et véhicules à hydrogène : vers les autos électriques
Actuellement, les ingénieurs et les pouvoirs publics n’envisagent pas l’hydrogène comme une énergie capable de remplacer intégralement les autres carburants. Il s’agit plutôt d’une option permettant de renforcer les performances des véhicules à batteries en doublant leur autonomie et en diminuant drastiquement leur temps de recharge.
La transition écologique tant attendue des systèmes de transports collectifs et urbains s’appuie sérieusement sur les potentialités de l’hydrogène. Depuis 2019, la mobilité hydrogène a été reconnue par la Commission européenne comme une filière technologique stratégique qui place les enjeux de la mutation énergétique des transports au premier plan. L’État a d’ailleurs lancé un plan hydrogène au niveau national, qui se décline en des actions concrètes à mettre en place dans chaque région. Il collabore également avec l’ADEME pour développer une véritable politique active de la mobilité hydrogène.
La démarche implique donc activement les collectivités territoriales, les grands groupes de l’industrie et les start-ups en vue de convertir plus rapidement les véhicules publics et individuels (les fameuses flottes captives).
Transition énergétique et véhicules à hydrogène : où en est la France ?
Les précurseurs de l’hydrogène dans les transports à hydrogène sont le Japon et la Californie. La Chine commence également à développer ce secteur, tandis que la France a finalement ouvert un site dédié à la production d’autos à hydrogène en 2015.
En 2019, le plan hydrogène français prévoyait la mise en circulation de 5 000 véhicules d’ici 2023, l’installation d’une centaine de bornes de recharge, et débloquait 100 millions d’euros pour y parvenir. La France cherche à poursuivre un objectif de décarbonation de son industrie et l’État lance des appels à projet auprès de nombreux établissements publics.
Cependant, l’Hexagone reste en retard sur le développement d’initiatives grand public basées sur la technique de l’hydrogène. Actuellement, un seul constructeur français propose des modèles à l’hydrogène : Renault, qui emboîte le pas aux innovations de Toyota et Hyundai.
Or, l’offre Renault reste destinée uniquement à la gestion des flottes captives et n’a pas encore vocation à s’ouvrir au grand public et à la vente au détail. Selon le constructeur, il n’existe pas assez de stations de recharge sur le territoire (on en dénombre 50 au total) pour soutenir une ouverture au grand public. Ce manque de déploiement des infrastructures électriques ne permet pas un véritable usage de l’hydrogène, le coût des modèles restant très élevé pour la majorité des particuliers.
Renault propose à ce titre un unique modèle : le Kangoo ZE hydrogen à un coût important : près de 48 000 euros hors taxe. Une autre version, cependant, est prévue pour 2021, le Renault Master ZE Hydrogen, utilitaire de grande taille destiné à convertir les flottes captives. Le constructeur cherche néanmoins à promouvoir la voiture à hydrogène, par le biais de sa filiale DIAC notamment, qui accompagne les particuliers et les professionnels dans l’acquisition d’un véhicule vert neuf ou d’occasion.
PSA propose des initiatives intéressantes dans l’hydrogène, en témoigne la déclinaison Expert-Jumpy et Vivaro désormais proposés comme une gamme complète avec motorisation hydrogène.
Autre projet remarquable : DHL Express France s’associe avec Shell pour améliorer le maillage de ses bornes de recharge qui va de pair avec le déploiement de plus de 140 fourgons électriques supplémentaires. Pour aller plus loin, le Grand Lyon, métropole de la région Auvergne Rhône-Alpes, est le théâtre de nombreuses manifestations professionnelles mettant en avant les potentialités du mariage entre hydrogène et industrie.
Automobile : les énergies renouvelables au cœur des préoccupations
L’hydrogène a donc besoin d’être mieux démocratisé pour véritablement se développer en France. Les énergies renouvelables intéressent considérablement les constructeurs, qui s’en emparent et développent en parallèle des structures de production. BMW, par exemple, a annoncé récemment un projet de construction d’un parc d’éoliennes, dont l’énergie sera utilisée pour alimenter les chaînes de production de ses futurs modèles carbone dans son usine de Leipzig.
Volkswagen investit également massivement dans les parcs éoliens offshore et évoquait le chiffre d’un milliard d’euros d’investissement dans le renouvelable. Quant à Renault, le précurseur français de l’énergie renouvelable dans l’automobile, il développe un projet de parc photovoltaïque de très grande envergure (450 000 mètres carrés d’usines et de sites de manutention). Très récemment, Peugeot s’est aussi lancé et signe un partenariat avec Iberdrola, fournisseur espagnol d’énergies vertes pour développer ses services électriques à destination, cependant, du public Ibérique.
C’est que l’urgence climatique rend la transition écologique inévitable, les énergies renouvelables doivent impérativement trouver leur place sur le marché automobile. Utiliser ces technologies propres permettra de maintenir l’économie automobile, tout en assurant une véritable baisse des émissions de gaz à effet de serre. Déjà entre 2019 et 2020, on note une baisse significative des émissions de CO2, rendue possible grâce au développement des voitures à énergie renouvelable : 96,8 g/km contre 111,5 en 2019. Il en va de même des ventes des voitures hybrides rechargeables, montées à 11 % en 2020 (contre seulement 3 % en 2019).
L’utilisation des énergies renouvelables en automobile est devenue une nécessité pour les constructeurs comme les utilisateurs, notamment en raison de l’essor des ZFEM, les zones à faibles émissions qui constituent des espaces urbains à la circulation restreinte. Dans ces zones, seules les autos Crit’Air disposant d’une vignette à jour seront acceptées. Bientôt, dans le centre de Paris et dans tout le Grand Paris, seul l’usage de la voiture électrique sera accepté.
Sachant que le secteur des transports est responsable de près de 38 % des émissions de CO2, le gouvernement agit activement pour favoriser une mobilité durable et affiche sa volonté de convertir au renouvelable les flottes captives des professionnels. Il aide à la transition énergétique, notamment par le biais de plan climat, de la loi LOM ou de la loi sur la transition énergétique.
La gestion des flottes captives s’en trouve nettement impactée, à cause, par exemple, de taxes plus importantes sur les véhicules trop polluants. En résulte l’obligation de verdir les flottes de véhicules professionnels, ces flottes captives, qui doivent désormais abaisser leurs émissions de CO2 sous peine d’amendes importantes. Les professionnels optent alors pour la location avec option d’achat, et adoptent des logiciels de gestion de flotte axés sur les énergies renouvelables.
Dans le cadre de leur activité de renouvellement de flotte, ils constituent des parcs de véhicules de société optimisés, verts et éco-responsables. Ils privilégient les véhicules à faibles émissions de CO2, favorisent l’achat ou la location longue durée des meilleures voitures de fonction, voire acquièrent des vélos à assistance électrique pour leur entreprise.