La fiscalité automobile évolue une nouvelle fois en 2025, et cette fois, les changements sont loin d’être anecdotiques. Pour les entreprises, la pression fiscale s’accentue clairement sur les véhicules thermiques, pendant que les motorisations électriques conservent leur statut de valeur refuge.

Durcissement des malus, suppression d’exonérations, introduction d’une taxe inédite pour les grandes flottes… Ces mesures, issues de la dernière Loi de Finances 2025, s’inscrivent dans un objectif assumé : pousser les parcs professionnels à entamer (ou accélérer) leur transition vers des véhicules moins polluants.

Dans cet article, on fait le point sur les mesures à retenir pour comprendre l’impact de cette nouvelle fiscalité sur vos véhicules d’entreprise, et savoir comment l’anticiper intelligemment.

Une pression fiscale en hausse pour les véhicules polluants

Depuis le 1er mars 2025, un nouveau palier a été franchi dans la taxation des véhicules thermiques. Malus CO₂ plus sévère, barèmes repoussés vers le bas, et montants multipliés sur certains modèles : les entreprises qui n’ont pas encore engagé de stratégie de transition paient aujourd’hui le prix fort.

Le malus CO₂ augmente fortement au 1er mars 2025

Jusqu’à fin février, il était encore possible d’immatriculer des véhicules sous les anciens barèmes de 2024. Ce n’est plus le cas. Depuis le 1er mars 2025, les montants appliqués du nouveau barème sont nettement plus élevés, avec des hausses pouvant dépasser les 100 %.

Par exemple :

Ces augmentations viennent alourdir le coût total de possession, et doivent impérativement être prises en compte dans les arbitrages d’achat ou de location longue durée.

Le malus au poids maintenu… mais surveillé de près

Le malus au poids, lui, reste inchangé par rapport à 2024. Il s’applique dès 1,6 tonne à raison de 10 € par kilo supplémentaire. Mais attention : si son barème n’a pas évolué en 2025, il est déjà prévu qu’il soit revalorisé dès 2026. Un SUV thermique de 1 800 kg génère ainsi un malus de 2 000 €, en plus du malus CO₂. Et ce cumul est souvent sous-estimé dans les calculs de TCO.

Seuls certains véhicules échappent (partiellement) à cette pénalité :

Une nouvelle taxe pour les flottes de plus de 100 véhicules

Entrée en vigueur depuis le 1er mars 2025, la taxe incitative sur les flottes d’entreprise vient ajouter une couche fiscale supplémentaire pour les gestionnaires de parc les plus exposés. Elle ne remplace pas les autres taxes annuelles (ex-TVS), mais vient s’y ajouter, avec une logique bien définie : pousser les grandes flottes à intégrer une part croissante de véhicules à faibles émissions (VFE).

Objectif : accélérer l’électrification des grandes flottes

Cette taxe concerne toutes les entreprises (ou groupes) disposant d’au moins 100 véhicules légers affectés à une activité économique, qu’ils soient en propriété, en location ou en crédit-bail. Elle s’inscrit dans la continuité des lois LOM et Climat & Résilience, avec une volonté claire : sanctionner les flottes qui ne respectent pas les objectifs de verdissement fixés par l’État.

En 2025, la cible à atteindre est de 20 % de VFE dans la flotte. Si ce seuil n’est pas atteint, l’entreprise est redevable d’un montant calculé en fonction du nombre de véhicules manquants… mais aussi de son taux de renouvellement.

Une formule de calcul à anticiper

Le calcul de la taxe repose sur trois éléments :

  1. Le nombre de véhicules à faibles émissions manquants par rapport à l’objectif (20 %)
  2. Le taux de renouvellement de la flotte entre le 1er mars et le 31 décembre 2025
  3. Le tarif unitaire de 2 000 € par véhicule manquant

Formule : Taxe = (Objectif VFE – Nombre réel de VFE) × Taux de renouvellement × 2 000 €

Exemple : une entreprise de 150 véhicules n’en compte que 10 sous le seuil des 50 g CO₂/km. Elle est donc en déficit de 20 VFE. Si elle renouvelle 40 % de sa flotte sur la période de référence, le montant dû sera de :
20 x 0,4 x 2 000 € = 16 000 €

À noter que le tarif par véhicule passera à 4 000 € en 2026, puis à 5 000 € en 2027, ce qui renforce l’intérêt d’agir dès cette année pour limiter l’exposition à cette nouvelle pression fiscale.

Des avantages fiscaux en recul pour les hybrides

Longtemps présentés comme un bon compromis pour les entreprises souhaitant réduire leur impact environnemental sans basculer immédiatement sur l’électrique, les véhicules hybrides perdent du terrain en 2025. Plusieurs mesures fiscales viennent limiter leur attractivité, en particulier pour les modèles non rechargeables.

Fin de l’exonération de la taxe CO₂

Depuis le 1er janvier 2025, les véhicules hybrides ne bénéficient plus de l’exonération de la taxe annuelle sur les émissions de CO₂. Cette mesure, qui avait permis à de nombreuses entreprises d’équiper leur flotte en hybrides sans surcoût fiscal, est désormais supprimée.

Concrètement, un véhicule hybride émettant 110 g de CO₂/km, qui n’était jusqu’alors pas concerné, est désormais redevable d’une taxe de 440 € par an (110 g x 4 €). Pour une flotte entière, l’impact peut vite devenir important.

Seuls les hybrides rechargeables émettant moins de 50 g de CO₂/km restent considérés comme des VFE (véhicules à faibles émissions) et conservent certains avantages fiscaux.

Tous les hybrides rechargeables soumis au malus au poids

Autre évolution importante : le malus au poids s’applique dorénavant à tous les hybrides rechargeables, quelle que soit leur autonomie électrique. Cette catégorie bénéficiait jusqu’ici d’un traitement favorable, mais ce n’est plus le cas en 2025.

Un abattement de 200 kg reste toutefois en vigueur (dans la limite de 15 % de la masse du véhicule), ce qui permet à certains modèles de rester sous le seuil de déclenchement du malus.

Des opportunités à saisir pour les véhicules électriques et utilitaires

Face au durcissement de la fiscalité sur les motorisations thermiques et hybrides, les véhicules électriques et les utilitaires conservent un cadre fiscal nettement plus favorable.

Le cadre fiscal le plus favorable en 2025

Les véhicules électriques bénéficient toujours d’un traitement de faveur. En plus d’être exonérés de la taxe annuelle sur les émissions de CO₂ et de la taxe sur les polluants atmosphériques, ils sont aussi exclus du malus au poids. À cela s’ajoutent :

Le bonus écologique est également maintenu, à hauteur de 4 000 € pour les voitures électriques dont le prix est inférieur à 47 000 €, et pour les camionnettes légères sans condition de prix.

Enfin, les véhicules électriques sont considérés comme des véhicules à faibles émissions (VFE) dans le calcul de la taxe incitative, ce qui permet de réduire, voire d’annuler son montant dans le cas des grandes flottes.

Utilitaires : un statut fiscal toujours avantageux

Les véhicules utilitaires légers (catégorie N1) conservent en 2025 un régime fiscal plus souple que les véhicules de tourisme. Lorsqu’ils sont utilisés exclusivement à des fins professionnelles, ils sont :

Depuis janvier 2025, la définition fiscale des « camionnettes » a également été assouplie : seuls les modèles disposant (ou pouvant disposer) de trois rangées de sièges sont désormais susceptibles d’être requalifiés en véhicules de tourisme.

Un point de vigilance reste néanmoins à noter : les utilitaires sont aussi concernés par la taxe incitative, si l’entreprise dépasse les 100 véhicules. Les objectifs de verdissement s’y appliquent donc de la même manière que pour les VP.

Fiscalité automobile 2025 pour les entreprises : ce qu’il faut retenir

Pour vous aider à y avoir encore plus clair, voici un tableau récapitulatif des points clés à retenir :

ThématiqueCe qu’il faut retenir
Véhicules polluants (thermiques)– Malus CO₂ fortement rehaussé au 1er mars 2025 (jusqu’à +100%)
– Malus au poids inchangé (10 €/kg au-delà de 1,6 t), mais revalorisation prévue en 2026
Taxe incitative pour les grandes flottes– Cible de 20 % de VFE à atteindre en 2025
– Calcul basé sur le déficit de VFE × taux de renouvellement × 2 000 €
– Montant par véhicule manquant : 4 000 € en 2026, 5 000 € en 2027
Hybrides– Fin de l’exonération de la taxe annuelle CO₂ pour tous les hybrides
– Malus au poids désormais applicable aux hybrides rechargeables (avec abattement de 200 kg)
Véhicules électriques– Toujours exonérés de taxe CO₂, malus au poids, et TVA récupérable sur l’électricité
– Bonus écologique maintenu (jusqu’à 4 000 €)
– Avantage en nature réduit (abattement 50 %, plafond 1 800 €/an)
Utilitaires– Régime fiscal inchangé : exonération de CO₂, TVA récupérable, pas de plafonnement d’amortissement
– Attention : aussi concernés par la taxe incitative pour flottes de +100 véhicules

En 2025, la fiscalité automobile pousse donc clairement les entreprises à repenser leur stratégie de flotte. Entre hausse des malus, fin d’exonérations et nouvelle taxe pour les grandes flottes, l’enjeu est autant économique qu’environnemental. Pour éviter les surcoûts, une seule solution : anticiper dès maintenant et s’orienter rapidement vers des motorisations plus vertes.